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JOUR 1 - Arrivée à notre base de Sittwe

Après plusieurs heures de vol et un stop à Yangon, capitale économique du Myanmar, nous arrivons par avion à Sittwe, chef lieu du Rakhine à l’ouest du pays.
De là-haut, on repère déjà un camp de déplacés : une série de baraquements bien alignés, coincés sur une langue de terre, entre la mer et la montagne.

A la sortie de l’avion l’air est dense, chargé d’humidité. Notre arrivée se coordonne parfaitement avec celle de la mousson. Notre planning de mission bien calé a de fortes chances d’être perturbé. Quatre camps de déplacés sur les huit dans lesquels nous intervenons ne sont accessibles que par bateau . J’ai encore du mal à imaginer à quel point ces milliers de personnes sont isolées et dans quelles conditions elles vivent.

Arrivés à notre base de Sittwe, l’équipe de coordination nous briefe sur le contexte et les règles à respecter.


  

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« Tu ne dois pas prononcer le nom de l’ethnie. Nous pouvons dire les ‘M’, comme musulmans »
 

Cette interdiction révèle la non existence officielle de l’ethnie et la non reconnaissance de cette dernière comme faisant partie de la Birmanie.

​Les ‘M’ sont apatrides et ont, à ce titre, très peu de droits sur ce territoire. Nombre d’enfants par femme limité, interdiction de mariage avec une ethnie birmane, liberté de circulation très restreinte sont quelques exemples des traitements particuliers qui leur sont réservés. Mais derrière ceux clairement annoncés, je découvrirai au fur à mesure de mes rencontres, d’autres traitements de défaveurs tout aussi discriminants.

Christophe Vavasseur, responsable desk Asie chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : 

Les Rohingyas ne sont discriminés que par certains leaders bouddhistes extrémistes et une frange de la population birmane. Considérés comme une menace pour l'identité birmane, il s’agit essentiellement pour eux d’une forme de nationalisme religieux qui veut que des musulmans ne puissent être considérés comme Birmans et tolérés sur leur sol.
C’est une situation qui perdure depuis des décennies, conséquence notamment de la dissolution de la junte en 2011, où les tensions religieuses "étouffées" pendant des dizaines d'années sont ressorties au grand jour, révélant une islamophobie latente. Mais leurs souffrances ne sont pas exclusivement vécues en Birmanie et leur condition d’apatridie (loi de 1982 relative à la citoyenneté qui déchoit les Rohingyas de leur nationalité birmane) en font à la fois des parias et des sujets d’exploitation dans toute la sous-régi
on.

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Quelles sont leurs conditions

de vie ?  

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Je digère ces informations, ces règles à respecter. Je me prépare : dès le lendemain je serai confrontée à la réalité de la vie de ces invisibles.

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Pourquoi les Rohingyas
sont-ils discriminés dans
​leur pays d'origine ? 

Christophe Vavasseur, responsable desk Asie chez SOLIDARITES INTERNATIONAL :

Il résulte de leur condition d’apatridie qu’ils doivent le plus souvent habiter sur des territoires reculés, dans des villages isolés ou des camps, où la situation sanitaire est très précaire et où l’accès aux services de base est extrêmement restreint. Il en résulte des zones de quasi non-droit, une vulnérabilité aiguë à l’exploitation humaine, une forte malnutrition, mais il reste difficile de se faire une idée précise faute d’un accès suffisant pour les acteurs humanitaires.

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"Tu ne dois pas prononcer le nom de l’ethnie.
Nous pouvons dire les
« M » comme musulmans."